Non Fongible Token (NFT)

En 2021, l’essor du NFT fut tel que l’on pouvait penser à une révolution technologique. Le “Non Fungible Token“, traduisible par “jeton non fongible” est donc un jeton dont la caractéristique principale est l’unicité, contrairement aux jetons cryptos classiques comme le BTC ou Ethereum, avec lesquels chaque ETH peut être remplacé par un autre, on peut donc les qualifier de jetons fongibles car il sont interchangeables.

Utilisée notamment pour les œuvres artistiques, cette technologie suscite beaucoup d’espoir comme une meilleure répartition des bénéfices pour les artistes ou encore une démocratisation du secteur de l’art.

Cependant il est vrai que les usages qu’on peut en faire peuvent parfois dérouter à l’instar du créateur de Twitter de Jack Dorsey, qui en mars 2021, mis aux enchères son premier tweet, le premier de l’histoire de la plateforme, sous forme de NFT, pour presque 3 millions de dollars.

D’ailleurs la plus grande critique adressée aux systèmes basés sur le NFT est qu’ils s’avèrent énergivores selon la blockchain utilisée. En fait, l’amélioration de cet écosystème passe par exemple par une mise à jour d’Ethereum prévue cette année en 2022.

Comment fonctionne le NFT ?

Contrairement à la monnaie qui est fongible, une œuvre d’art est par définition non fongible, car unique. On parle de NFT pour un fichier numérique auquel on a attaché un certificat d’authenticité numérique. Concrètement, le NFT est stocké sur une blockchain sous forme de jeton cryptographique. Seulement le NFT dans ce couple est non fongible, car le fichier numérique, lui, qu’il s’agisse d’une vidéo, d’une photo, ou d’un son, est fongible.

Genèse et croissance

Le premier NFT date de 2014, mais les NFT n’ont vraiment intéressé le grand public qu’à partir de 2017, lors de l’explosion de la plateforme Ethereum. C’est sur celle-ci que les projets CryptoKitties (jeu en ligne ) et CryptoPunks (collection de jpeg) sont nés, en se servant des NFT. Le phénomène est rapidement devenu viral.

L’œuvre de l’artiste Beeple « Everydays – The First 5000 Days », s’est vendu en 2021 pour environ 70 millions de dollars. C’est l’œuvre d’art la plus chère de l’histoire au format numérique à ce jour.

Comment créer un NFT ?

Pour transformer un fichier numérique en NFT, son détenteur doit passer par une étape appelée le minting (frappe en français). On téléverse ce fichier numérique sur un serveur et on crée ensuite un token cryptographique pointant vers ce fichier sur une blockchain. L’auteur de l’œuvre originale peut également inscrire toute information dans les métadonnées du NFT, comme son pseudonyme.

NFT et blockchain

Les NFT s’appuient donc essentiellement sur un réseau décentralisé, la blockchain, qui est une source de données sécurisée, gardant en mémoire l’historique de chaque opération. Certaines blockchains peuvent émettre des NFT en plus de diverses cryptodevises, comme par exemple Ethereum, Binance ou Solana. On peut donc connaître le propriétaire de tel ou tel NFT. L’émission d’un NFT demande des frais inhérents à la blockchain utilisée, dont le montant peut varier de quelques centimes à plusieurs centaines d’euros.

Blockchains de première génération

Ethereum ou Bitcoin, gourmand en consommation d’électricité pour leur fonctionnement, suscitent des critiques envers les NFT qui utilisent ces cryptos et reposent sur des blockchain et la notion de preuve de travail, car cela génère une empreinte carbone non-négligeable. A cela s’ajoute la consommation des serveurs assurant la technologie NFT elle-même.

Effectivement, la blockchain la plus utilisée de nos jours pour les NFT est Ethereum, requérant une puissance de calcul importante. Cependant une mise à jour en 2022 nommée Ethereum 2.0 la rendra moins émettrice de CO2 en adoptant le système de validation par la preuve d’enjeu au lieu de celle par preuve de travail, en permettant de baisser la consommation énergétique de plus de 99 %.

Les blockchains alternatives

Cette caractéristique écologique est déjà proposée par des blockchains : Tezos, Polkadot ou Cardano utilisent des systèmes comme la preuve par zéro, la preuve dite « par déduction » ou la preuve d’autorité.

Actuellement Ethereum a d’importants frais de transaction de surcroît, ce qui incite les nouveaux projets à opter pour des blockchain concurrentes comme Solana, Dusk, Avalanche ou Elrond.

Les œuvres artistiques NFT

L’art représente un cas d’utilisation notable de la blockchain. Le lancement en juin 2017 de la collection CryptoPunks a montrée la voie de l’art crypto sur la blockchain Ethereum. En partant de cela, DADA.art a lancé quelques mois plus tard une marketplace spécialisée en art crypto.

La non-gouvernance, ou le fait que la partie exécutive soit assurée algorithmiquement, est un des principes de base de la blockchain.

Le prix d’un token est déterminé par le jeu de l’offre et de la demande, dans un marché de spéculateurs avides de profits faciles mais aussi de collectionneurs avisés. Ils apprécient le fait que la répartition des attributs soit hasardeuse, source de rendus incontrôlables. Pour le bonheur des amateurs de surprise, cela génère de la rareté, avec parfois des détails ineffables.

Cependant c’est surtout aux dépens de la touche des artistes, de l’imagination, et du trait, qu’apparaîtra l’originalité d’une collection de 20 000 pièces représentant le même sujet mais dont l’aspect et l’expression sont uniques à chaque exemplaire.

En tout cas aujourd’hui l’impact du NFT sur la culture est bien réel à l’image de DJ 3LAU qui a vendu pour plus de 10 millions de NFTs en 2021, ou de Mick Jagger qui a sorti une chanson en NFT dont les recettes furent versées à des œuvres caritatives.

Démocratisation de l’art

Alors que la technologie blockchain se voit de plus en plus adoptée, les artistes de manière générale sont donc concernés de près par le potentiel d’un nouveau système financier, mais plus particulièrement les artistes modestes qui peuvent nourrir l’espoir de vendre plus facilement leurs créations et surtout sans passer par des intermédiaires.

En tout cas il est possible d’améliorer le paiement des redevances aux auteurs pour le rendre plus équitable et plus transparent. Car même si le streaming s’est imposé, la façon de les payer est restée analogique. Paradoxalement, il y a plus de compositeurs, de studios, de sorties, plus d’auditeurs, mais les artistes indépendants n’arrivent pas à vivre de leur talent.

Financement culturel

Martin Scorsese est le premier réalisateur fin 2021, avec son long métrage « A Wing and a Prayer »,avoir un financement entièrement grâce à la vente de 10.000 NFT. Ce film relate l’histoire du premier humain faisant le tour du monde en ULM.

Ces initiatives permettront peut-être de démocratiser la sortie de films, en obtenant un public investi puis qu’investisseur. C’est clairement un rétrécissement de la distance entre les artistes et leurs audiences.

Partage de royalties

Le légendaire rappeur américain Nas a décidé de vendre une partie de ses royalties sous forme de NFT. Il s‘agit d’un autre bel exemple de rapprochement entre les artistes de leur fan base.

Dans ce cas, pas de vidéo clip collector ou mp3 exclusif. Nas cède une partie des droits de redevance stream de ses deux derniers morceaux « Ultra Black » et « Rare ». En sachant que les revenus du streaming de certains morceaux peuvent se compter en millions… ça sent le bon coup !

Controverses

Brian Eno, producteur musical, souligne une financiarisation du milieu artistique sans réelle valeur ajoutée aux œuvres.

Holden Shearer, développeur de jeux vidéos estime que cette technologie est inutile car elle ne fait qu’enregistrer une transaction crypto avec des informations arbitraires, sans autre résultat tangible.

La plateforme OpenSea

OpenSea, crée fin 2017 est une marketplace pour les NFT basée sur la norme Ethereum. On peut y générer gratuitement des NFT et les mettre aux enchères ou en vente.

Début 2021 les ventes s’élevaient à environ 100 millions de dollars US, 20 fois plus en septembre de la même année ! Cette année, OpenSea est pèse 14 milliards de dollars.

Parmi les auteurs connus qui vendent sur OpenSea aux enchères : Beeple, Damien Hirst, H.P, Takashi Murakami, les Golden State Warriors ou Baxxter.

La plateforme Rare Bits

Une autre marketplace de NFT prometteuse, Rare Bits avait levé un investissement de 6 millions de dollars. Avec son outil Rare Bits express pour les développeurs d’application, il est possible de développer une expérience de marché native directement dans l’application que l’on développe, une fois qu’un contrat est inscrit sur Rare Bits. Ainsi les utilisateurs peuvent acheter ou vendre des actifs depuis l’application directement, et on touche une partie du prix de vente.

La plateforme Solanart

Basée sur la technologie de la blockchain Solana, une place de marché française s’est illustrée par sa collection Degenerate Ape Academy qui appartient à cette minorité de projets à forte spéculation. Ces collections reposent essentiellement sur le principe de l’art génératif.

NFT et jeux vidéos

Cartes de collection

Un des premiers exemple d’utilisation furent les jeux de cartes à collectionner crypto, des NFT liés aux jeux. Des projets comme Rare Pepes et Age of Chains ont émis des cartes NFT à collectionner dès 2016, en utilisant le protocole Counterparty sur la blockchain Bitcoin.

La plate-forme Gamedex, spécialisée dans les jeux de cartes à collectionner rendue possible par les NFT, avait levé par exemple 800 000 $ de financement.

La startup française Sorare édite un jeu de cartes de football sur ce modèle. Afin d’affronter d’autres joueurs on collectionne des cartes rares, super rares et unique en plus des classiques qui sont parfois offertes gratuitement. On peut également les revendre à d’autres utilisateurs selon un système d’enchères en cryptomonnaie Ethereum.

Selon le blog Presse-Citron, le modèle d’affaires de Sorare à de l’avenir : il fait des bénéfices grâce aux frais, et surtout sur chaque enchère. Cependant, l’inflation est très importante sur le prix des joueurs, il est très difficile d’avoir un gardien rare à un prix normal.

Collectibles de jeux

Les applications ludiques décentralisées sont créées sur Ethereum comme CryptoKitties ou Axie Infinity. Alors que la plupart des cryptomonnaies sont de type financier, les jeux deviennent une composante majeure de l’industrie crypto. Les éditeurs souhaitent créer des jeux avec une économie intégrée.

Effectivement, les NFT peuvent aussi représenter des actifs au sein d’un jeu, tels que des parcelles de terrain numériques ou des objets qui sont la propriété de l’utilisateur plutôt que par le développeur du jeu. Ainsi l’utilisateur peut échanger ses actifs sur des marchés tiers sans que n’interfère le développeur du jeu, ce qui rappelle l’aspect fondamental de la décentralisation dans l’esprit de la blockchain.

Des normes de tokens spécifiques ont été développées pour prendre en charge ce genre de jeux. Il s’agit notamment de la norme ERC-721 de CryptoKitties ou de la norme ERC-1155 plus récente.

Decentraland, le metaverse révolutionnaire

Ce monde virtuel basé sur la blockchain Ethereum, avait fait le buzz en levant plus de 25 millions de dollars dans une ICO.

Les gens passent de plus en plus de temps dans le monde virtuel, tant pour le divertissement que pour les affaires. Ceci explique peut-être que le token a vu sa valeur grimper de 4 000 % au cours de l’année dernière.

D’autres tokens sont populaires comme Dogecoin, Chainlink et Cardano, avec une capitalisation boursière beaucoup plus forte, cependant Decentraland est encore la 2ème plus grande crypto de jeu, derrière Axie Infinity. La crypto de jeux est le MANA a connu un véritable essor. Disponible pour 0,08 $ début 2021, il atteint un pic historique d’environ cinq dollars durant cette même année.

La plateforme Quartz

Ubisoft a lancé la plateforme Quartz en bêta test, qui permet aux joueurs d’acquérir des items virtuels sous la forme de NFT Tezos. Ces objets de collection, nommés des Digits, sont uniques grâce à un numéro de série. Ainsi, ces collectibles seront visibles par les autres utilisateurs dans les mondes ouverts d’Ubisoft, cependant tous les utilisateurs ne pourront pas les obtenir. Les utilisateurs pourront revendre leurs objets. Les Digits sont accompagnés d’un certificat de propriété qui gardera l’historique des précédents propriétaires.

Traçabilité industrielle

De nombreux secteurs économiques s’intéressent de près à la blockchain depuis plusieurs années déjà, on peut citer notamment tout ce qui concerne le respect de la chaîne du froid dans les transports de denrée alimentaire.

Chez Cdiscount, la nouvelle méthode de traçabilité des colis est un process qui utilise des NFTs, permettant d’avoir un suivi plus sûr de ses colis jusqu’à leur arrivée, une innovation servie par la société Ownest, qui vient de faire signer à Cdiscount un contrat de 3 ans.

Ce suivi peut se faire grâce à un « jeton de responsabilité » dont la gestion est confié à chaque nouvel utilisateur qui en valide la réception. Le but est d’éliminer les erreurs sur l’ensemble du réseau logistique et créer un cercle vertueux de confiance.

Conclusion

Les NFT sont à l’image de l’univers foisonnant représenté par les blockchains, les cryptos, les places de marché, et les plateformes dédiées. Toutefois, créer un NFT se révèle assez trivial, et tout le monde peut s’aventurer sur ce marché, même si à terme il y aura une régulation naturelle de cette croissance phénoménal.

D’autre part les NFT proposent de nouveaux usages aux créateurs, comme vendre leur contenu via des écosystèmes numériques et participer au commerce secondaire à long terme. C’est une réponse aux lourdeurs d’un système financier centralisé qui peine à convaincre sur le plan des nouvelles technologies de l’information.

C’est pour cela que fondamentalement la technologie Blockchain en tant qu’infrastructure décentralisée pour nos échanges économiques représente l’avenir de la finance. L’unicité et l’intégrité des NFT assurent aux acteurs de pouvoir l’exploiter économiquement sans la contrainte d’un opérateur de marché ou d’un intermédiaire centralisé.

Pour finir, il faut prendre en compte que l’art ne sera que le début de la révolution, car les concepts employés pour lui peuvent s’appliquer à toute industrie faisant du business avec des biens réels ou numériques.

Ce qu’il faut absolument savoir avant d’investir dans les NFT

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